vendredi 21 août 2009
lundi 6 juillet 2009
Un récit de voyage - 4 - Rain Season
"Like water falling from the mango trees"
Cette pluie fine et tiède que Nam distingue joliment des grosses averses de mousson. Elle rafraîchit le corps, mais apesantit l'esprit. Elle n'a pas le pouvoir tonitruant de l'orage. Elle n'assèche pas les nuages. Elle ne dégage pas le ciel. Elle se contente de sa mélancolie.
Elle poursuit de son intermittence le long fleuve de ce voyage. Elle accompagne les changements d'humeur, les doutes, les appréhensions. Elle se retire avec les joies, les émerveillements et les découvertes.
Un voyage ne se compare pas à une route, ni même à une rivière. Il est une succession de rochers affleurant l'eau du fleuve, plus ou moins pratiquables, plus ou moins accueillants, plus ou moins rapprochés les uns des autres.
Des moments choisis, attendus, ou qui surgissent de la surface des choses.
Cette pluie fine et tiède que Nam distingue joliment des grosses averses de mousson. Elle rafraîchit le corps, mais apesantit l'esprit. Elle n'a pas le pouvoir tonitruant de l'orage. Elle n'assèche pas les nuages. Elle ne dégage pas le ciel. Elle se contente de sa mélancolie.
Elle poursuit de son intermittence le long fleuve de ce voyage. Elle accompagne les changements d'humeur, les doutes, les appréhensions. Elle se retire avec les joies, les émerveillements et les découvertes.
Un voyage ne se compare pas à une route, ni même à une rivière. Il est une succession de rochers affleurant l'eau du fleuve, plus ou moins pratiquables, plus ou moins accueillants, plus ou moins rapprochés les uns des autres.
Des moments choisis, attendus, ou qui surgissent de la surface des choses.
samedi 4 juillet 2009
Un récit de voyage - 3 - Identity
Don Det, fin août 2008
Falang-Falang est mon nouveau nom. Depuis que je voyage seule, c'est ainsi et seulement ainsi que l'on m'appelle. L'étrangère. La blanche. Qui suscite la curiosité, la fascination, l'envie, le tout probablement teinté d'un peu de mépris.
Pour me réveiller de ma torpeur au fond d'un bus entre nulle part et Pakse, pour m'inviter à un cafélao trop tôt, bien trop tôt dans la gare routière "mudcake" Sud de la même ville, pour m'interpeller à chaque coin de guesthouse. Pour parler de moi aussi.
Cela rend légèrement paranoïaque de ne saisir que ce mot dans les conversations qui bourdonnent autour de moi.
Et la Grue Falang reste droite, avec son sourire figé qu'elle distribue autour d'elle en espérant qu'il saura l'entourer de toute la bienveillance qu'elle aimerait provoquer.
Falang-Falang est mon nouveau nom. Depuis que je voyage seule, c'est ainsi et seulement ainsi que l'on m'appelle. L'étrangère. La blanche. Qui suscite la curiosité, la fascination, l'envie, le tout probablement teinté d'un peu de mépris.
Pour me réveiller de ma torpeur au fond d'un bus entre nulle part et Pakse, pour m'inviter à un cafélao trop tôt, bien trop tôt dans la gare routière "mudcake" Sud de la même ville, pour m'interpeller à chaque coin de guesthouse. Pour parler de moi aussi.
Cela rend légèrement paranoïaque de ne saisir que ce mot dans les conversations qui bourdonnent autour de moi.
Et la Grue Falang reste droite, avec son sourire figé qu'elle distribue autour d'elle en espérant qu'il saura l'entourer de toute la bienveillance qu'elle aimerait provoquer.
Un récit de voyage - 2 - Gulliver
Vientiane - 25 août 2008
Ce qui marque, c'est l'impression d'une impossible familiarité - avec la nature, avec les gens, avec les règles de conduite, avec les odeurs . J'erre dans une ville que je pensais connue, mais chaque pas m'enjoint à retrouver mon humilité. On me dévisage, ou pire, on me parle. Mon seul moyen de communiquer, d'exister autrement que sous la forme d'un fantôme blanc qui vagabonde, hors des activités quotidiennes, inutile et dé-rangé, est un maigre sourire gêné. Ou encore des gestes de mes mains, peu habituées à mimer les choses de la vie quotidienne.
Mon corps me gêne : trop grand, trop fort, trop clair, et probablement trop dénudé, il prend trop de place, il est trop visible. La sueur qui me baigne dès que j'arrête de pédaler est source de honte, la preuve irréfutable de mon inadaptation à cet environnement.
Ce qui marque, c'est l'impression d'une impossible familiarité - avec la nature, avec les gens, avec les règles de conduite, avec les odeurs . J'erre dans une ville que je pensais connue, mais chaque pas m'enjoint à retrouver mon humilité. On me dévisage, ou pire, on me parle. Mon seul moyen de communiquer, d'exister autrement que sous la forme d'un fantôme blanc qui vagabonde, hors des activités quotidiennes, inutile et dé-rangé, est un maigre sourire gêné. Ou encore des gestes de mes mains, peu habituées à mimer les choses de la vie quotidienne.
Mon corps me gêne : trop grand, trop fort, trop clair, et probablement trop dénudé, il prend trop de place, il est trop visible. La sueur qui me baigne dès que j'arrête de pédaler est source de honte, la preuve irréfutable de mon inadaptation à cet environnement.
mercredi 1 juillet 2009
Un récit de voyage - 1- Airports
Notes prises lors du voyage en solitaire de l'été dernier. Laos, août 2008.
Roissy est toujours sous sa chappe nuageuse. Il ressemble à une chaîne ganglionnaire salement infectée, et l'on passe d'un nodule douloureux à un autre en empruntant des tubes qu'une volonté perverse a souhaités recouverts de crépi.
Roissy, ce cancer de Paris dont je m'évade aujourd'hui.
J'ai toujours tendance à penser que le voyage commence véritablement à partir du moment où l'on arrive à destination, où l'on foule le sol désiré, où l'on quitte la drôle de parenthèse du transport.
Prendre l'avion n'est pas voyager. On ne traverse pas de territoire en avion, on survole le (Tiers) Monde avec une légèreté obscène, doucement bercé par les roulis des nuages, constamment gavé de sucreries par des hôtesses qui chassent vos phobies d'un sourire.
L'écran indique que l'avion se trouve juste au-dessus de Kaboul.
Et pourtant, le voyage me gagne déjà. Je me laisse aller à rêvasser, à fantasmer, à appréhender, et même déjà à avoir le mal du pays. Par "pays" j'entends Pierre.
Première rencontre plaisante, sans arrière-goût métallique de conversation forcée. Première invitation à la découverte, sur le plateau des Boloven.
Et puis déjà Bangkok, à l'aube, dans l'aéroport presque désert. Je suis un fantôme vaseux, une affreuse boule de Slime qui glisse dans les immenses couloirs, sous les voûtes célestes, de série de boutiques désertes en série de boutiques identiques.
L'ennui prend une toute autre profondeur lorsqu'il est volontaire.
Roissy est toujours sous sa chappe nuageuse. Il ressemble à une chaîne ganglionnaire salement infectée, et l'on passe d'un nodule douloureux à un autre en empruntant des tubes qu'une volonté perverse a souhaités recouverts de crépi.
Roissy, ce cancer de Paris dont je m'évade aujourd'hui.
J'ai toujours tendance à penser que le voyage commence véritablement à partir du moment où l'on arrive à destination, où l'on foule le sol désiré, où l'on quitte la drôle de parenthèse du transport.
Prendre l'avion n'est pas voyager. On ne traverse pas de territoire en avion, on survole le (Tiers) Monde avec une légèreté obscène, doucement bercé par les roulis des nuages, constamment gavé de sucreries par des hôtesses qui chassent vos phobies d'un sourire.
L'écran indique que l'avion se trouve juste au-dessus de Kaboul.
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Eclair sur Calcutta
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Eclair sur Calcutta
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Et pourtant, le voyage me gagne déjà. Je me laisse aller à rêvasser, à fantasmer, à appréhender, et même déjà à avoir le mal du pays. Par "pays" j'entends Pierre.
Première rencontre plaisante, sans arrière-goût métallique de conversation forcée. Première invitation à la découverte, sur le plateau des Boloven.
Et puis déjà Bangkok, à l'aube, dans l'aéroport presque désert. Je suis un fantôme vaseux, une affreuse boule de Slime qui glisse dans les immenses couloirs, sous les voûtes célestes, de série de boutiques désertes en série de boutiques identiques.
L'ennui prend une toute autre profondeur lorsqu'il est volontaire.
lundi 29 juin 2009
mardi 24 mars 2009
The usual stuff
I had grown tired of flying in a flock, never seeing further than some other pigeon's fluttering wings. I never seemed to chose the directions, I went with the flow. I couldn't see the sky, I couldn't see the earth below.
I wanted to have room enough to spread my wings, space enough to chose my own way, time enough to float by and watch the world live beneath me.
Now I'm on my own and I just don't know what to do with myself. I still can't see the sky. I had forgotten about the clouds.
photo credits : Richard Barnes & Gary Waller
I wanted to have room enough to spread my wings, space enough to chose my own way, time enough to float by and watch the world live beneath me.
Now I'm on my own and I just don't know what to do with myself. I still can't see the sky. I had forgotten about the clouds.
photo credits : Richard Barnes & Gary Waller
Libellés :
PigeonHeart
dimanche 22 février 2009
Death Wish, Dino de Laurentiis, 1974
Genre : Shoot'em up
Charles Bronson en homme de gauche, objecteur de conscience et traumatisé par les armes à feu, c'est certes peu crédible, mais c'est ainsi que le film commence.
Charles Bronson: My heart bleeds a little for the underprivileged, yes.
Un collègue de droite: The underprivileged are beating our goddamned brains out. You know what I say? Stick them in concentration camps, that's what I say.
Bono : "It's a gun club. It's a club where we shoot guns"
On retiendra :
Pour d'autres revues subjectives et interprétations personnelles de films de qualité variable, voir par là-bas.
Charles Bronson en homme de gauche, objecteur de conscience et traumatisé par les armes à feu, c'est certes peu crédible, mais c'est ainsi que le film commence.
Heureusement cinq minutes plus tard, sa femme, dont on a compris qu'il est fort épris grâce à une scène d'ouverture sur la plage, se fait battre à mort par Jeff Goldblum, tandis que sa fille sert de support à l'art un peu brouillon d'un jeune beatnik tout droit sorti de Fame.
Tout bobo qu'il est, Charles Bronson ne se laisse pas aller. Il continue d'entretenir sa moustache et d'aller travailler.Il voyage d'affaire à Tucson, Arizona, où il apprend les grands espaces grâce à un troupeau de vaches, et la bagarre grâce à la reconstitution bancale d'une scène de western dans un parc d'attraction pour touristes en mal de cow-boys. On note qu'il apprend extrêmement vite. Un Républicain qui ressemble à Bono lui met un revolver entre les mains, ce qui est aussi le tournant du film.
La seconde partie du film semble être un documentaire sur l'insécurité à New York dans les années 70 : Charles Bronson se fait agresser tous les soirs par des pauvres qui lui demandent son argent, à qui il répond en prenant un air désolé et en les tuant d'un coup de revolver bien senti. A la peur, il répond par la violence, cesse d'être une victime et un homme de gauche pour devenir le cow-boy qu'il a toujours été.
Puis il part à Chicago shooter quelques hippies.
Citations :
Un collègue de droite: Oh Christ, you are such a bleeding-heart liberal, Paul.Puis il part à Chicago shooter quelques hippies.
Citations :
Charles Bronson: My heart bleeds a little for the underprivileged, yes.
Un collègue de droite: The underprivileged are beating our goddamned brains out. You know what I say? Stick them in concentration camps, that's what I say.
Bono : "It's a gun club. It's a club where we shoot guns"
On retiendra :
- la musique d'Herbie Hancock, qui se marie parfaitement avec la décoration de l'appartement de Charles Bronson
- Charles Bronson
Pour d'autres revues subjectives et interprétations personnelles de films de qualité variable, voir par là-bas.
Libellés :
PigeonRama
mardi 17 février 2009
Prenons un peu de hauteur
Ce n'est pas parce qu'on est mardi, que le point d'horizon de vendredi soir paraît être posé à des années-lumière, qu'il fait froid à Paris au beau milieu de l'hiver et que gnagnagna et gnagnagna, qu'on peut pas prendre un peu de hauteur.
mardi 3 février 2009
Encore pieuvrée
L'abîme ; on ne sait quoi de terrible qui gronde ;
Le vent ; l'obscurité vaste comme le monde ;
Partout les flots ; partout où l'œil peut s'enfoncer,
La rafale qu'on voit aller, venir, passer ;
L'onde, linceul ; le ciel, ouverture de tombe ;
Les ténèbres sans l'arche et l'eau sans la colombe,
Les nuages ayant l'aspect d'une forêt.
Un esprit qui viendrait planer là, ne pourrait
Dire, entre l'eau sans fond et l'espace sans borne,
Lequel est le plus sombre, et si cette horreur morne,
Faite de cécité, de stupeur et de bruit,
Vient de l'immense mer ou de l'immense nuit.
V. Hugo, Pleine Mer, La Légende des Siècles
Bienvenue en février!
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